TABLE RONDE AVEC HERVE MORIN : Culture et diversité, des projets pour la réussite des jeunes

 

Une table ronde autour de la culture, en présence de Hervé Morin, ministre de la défense et président du Nouveau Centre, s'est déroulée jeudi 27 mai à 20h avec des jeunes engagés dans différents domaines : sport, social, éducatif.

Cet évènement a eu lieu au sein des locaux du Bondy Blog. Le but de cette rencontre était de discuter de la culture avec des jeunes issus de la diversité investis dans différents milieux. Un homme politique, Hervé Morin, donc qui écoute et questionne ces sept hommes et femmes racontant leur parcours, leurs actions, leur détermination mais aussi leur difficulté dans ce qu'ils entreprennent. L'art y a pris sa place avant le début de cette séance ayant pour thème la culture, avec un slam clamé par Sophia Malou dans un silence solennel. Puis la réunion débute dans laquelle différentes questions vont être soulevées sous l'égide de Mr Morin, passant du sport à la réussite scolaire, de l'éducation en milieu défavorisé à l'ascension de l'échelle sociale, du voyage à la remise en question, et traitant du religieux et du social.

La réussite par le sport

Aider des jeunes à la réussite scolaire et sociale en utilisant le sport, c'est l'idée de Florent Le Gaonach et Ennoch Effah (champion du monde de savate boxe), deux athlètes de hauts niveau dans le domaine de la Savate Boxe Française. Questionnés par Hervé Morin sur les actions entreprises, ils nous parlent notamment du collectif 13ème round dont Florent est le président. Enoch nous explique que ce collectif est un dispositif d'insertion par le sport (sport le matin et insertion en entreprise l'après_midi). Pour lui si on est champion il faut jouer un rôle social. Sur le long terme il évoque aussi le Cocktail de la réussite qui est un événement qui a pour but de promouvoir les initiatives de la jeunesse en présentant le parcours de gens de différents milieux. Un autre événement évoqué :  le Débat-13- show qui est un débat avec des intellectuels où un public est installé de part et d'autre selon ses convictions de départ (pour / contre / neutre) et pouvant changer sa perception au fil des échanges. La première thématique était L'amour de la France : êtes-vous fier d'être Français ?". Se Sentir Français c'est "connecter les différents mondes" explique Enoch. Il précise aussi que le sport est utilisé comme levier de réussite sociale. Par le biais du sport, le collectif espère remotiver les jeunes en leur donnant confiance en soi et leur permettre de réintégrer le milieu professionnel. Au delà de la difficulté à s'insérer professionnellement, les fossés des différents mondes se creusent et chacun tente de le résorber à sa manière.

Des différent mondes, de la différence à l'ascension

 Assetou Diarra (chargée de projet internationale), Hamza (économiste), Linda Boumdi (Etudiante en psychologie), Hayet (étudiante en sociologie), Sélami Varlick (Journaliste et étudiant en doctorat où il poursuit comme thèse l'influence entre les textes chrétiens et islamiques), cinq autres jeunes qui nous parlent de leur différents parcours et difficultés rencontrées. Voyager serait un bon moyen de relativiser les obstacles rencontrées en France, nous explique Assetou qui a séjourné un an aux Etats-unis. On peut venir d'un quartier modeste et réussir tout comme le parcours d'Hamza qui est passé de son collège de Villetaneuse, en passant par un lycée à Epinay et finir par travailler à la banque de France puis au FMI. Un parcours qui lui a laissé des traces et qui montre que tout est possible. Hayet propose des solutions pour investir les parents dans l'éducation de leurs enfants et se demande comment sortir ces jeunes d'une situation scolaire difficile. Elle souligne ainsi le fait que 40% des élèves de CM2 sont hors secteurs au niveau du collège. Il y a donc une inégalité selon le niveau social mais aussi un manque de place dans les établissements scolaires. Ici Mr Morin intervient en parlant du bussing aux USA qui consiste à partager un quartier modeste en deux parties : dans l'une on va aider à l'éducation dans les quartiers défavorisés et l'autre on laisse de côté. Ce qui va permettre de relever le niveau social. Selon lui les établissements de quartiers  devraient être supprimés pour qu'ainsi les élèves puissent aller dans les quartiers aisés. Ce qui met en désaccord les intervenants qui soulignent la fatigue et la démotivation que pourraient éprouver les élèves à devoir parcourir un long trajet pour aller à l'école.

Linda et Sélami relatent des différences qui marginalisent. L'une est du domaine du handicap et l'autre du religieux. Linda raconte notamment son expérience en tant qu'auxiliaire de vie scolaire où elle suit des jeunes en milieu scolaire atteint d'un handicap. Elle s'est occupée de jeunes qui avaient besoin d'une aide régulière sur le long terme. Or elle dénonce le manque de moyen et la multiplication de suppression de poste "une AVS n'est embauché que pour 6 mois alors que les personnes en situation de handicap ont besoin d'une aide sur le long terme". Quant à Sélami, il parle du concept banalisant de l'islam et pointe l'étiquette du religieux qu'on colle alors que cela est du social. Au départ il s'agit d'un mécanisme économique : l'immigré qui vient en France pour travailler. Puis le jeune héritier de l'immigration prends des nouveaux repères et s'identifie à "musulmans" et catalogue les autres de "mécréants" explique-t-il. Sélami développe en nommant ce phénomène de schizophrénie de la jeunesse partagé entre culture française et loi religieuse. " Il faut passer de l'islam en France à l'islam de France. Il faut créer des ponts." termine-t-il.