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10 mars 2013 7 10 /03 /mars /2013 22:15

 

Homme-SDF-copie-1.jpgUn amas de choses est entassé sur le trottoir, ça bouge, ça vie…Il fait froid, il pleut, il neige…mais cette chose est encore là. Elle forme une silhouette étrange, presque inquiétante. Quelle est donc cette chose qui vit là, près des voitures qui crachent leur fumée, devant des passants indifférents ? Un animal ? Non, un être humain qui vit seul aux yeux de tous, abandonnés de tous dans cet espace gris de mur qui l'entoure.

 

Voici plus d'un an que je participe aux maraudes de Banlieue Plus, c'est devenue une petite famille où nous sommes tous solidaires. Banlieue Plus distribue une centaine de repas chaque dimanche. L'ambiance y est conviviale et on se sent bien d'être utile. Souvent le dimanche est un jour où on aime rester chez soi, blottis dans sa chaude couverture dans le froid intense de l'hiver. On oublie alors que d'autres n'ont pas cette chance. Nous continuons notre train-train quotidien, métro-boulot-dodo. Quant à ceux qui ont pris pour demeure la rue, ils deviennent alors invisible à nos yeux. Depuis que je fais ces maraudes, ils sont de nouveaux visibles devant moi, comme si le film de l'indifférence s'était évaporé. Je sais que ce sont des gens comme moi, dont un jour les circonstances de la vie ont fait qu'ils sont devenus l'autre, "l'indésirable" de la rue…Celui qui donne mauvaise conscience quand on y pense trop, ou cet autre qui fait honte à la société "des gens qui se lèvent tôt pour gagner toujours plus". Spéculation d'une vie où chacun est devenu individualiste, l'autre est un pion comme un autre. Et l'humanité dans tous ça ?

 

D-un-pas-vers-l-autre 4406L'humain n'a plus sa place dans un monde où l'argent est roi. Pourtant il suffit de peu pour faire un monde : un repas et un peu de chaleur humaine. Il en faudrait certes plus, mais l'être humain agit à la mesure de ce qu'il est capable de faire. De nombreuses associations agissent alors dans l'ombre d'un Etat qui a sans doute baisser les bras ou qui tout simplement préfère oublier ces "gens-là" devenus invisibles ou nuisibles aux yeux de tous. Je vois, à chaque dimanche où je participe, des gens différents. Ils ont certes faim mais ils ont besoin de discuter, de savoir que l'on s'intéresse à eux, qu'on ne les a pas oubliés, eux les bannis de cette société. Aujourd'hui, pour pouvoir exister il faut un emploi, un foyer. Dès lors où l'on perd un emploi, une partie de notre vie sociale est effacée, alors perdre son foyer, c'est disparaître.

 

J'ai vu des Français, des Espagnols, des Italiens, des Roumains…bref peu importe, des êtres humains, sur le bas côté de la route. Pendant que la neige tombait en flocon, certains étaient abrités sous des tentes quand d'autres avaient pour seul lit un sol dur gris. La neige tombait sur leurs visages emmitouflés dans une maigre couverture, une cannette de bière sur le côté dont pour certains est le seule refuge pour se réchauffer. Un hiver assez rude que cette année 2012-2013 où nous étions pressés de rentrer chez nous, alors qu'eux parfois dehors perdaient leur vie. L'hiver est presque derrière nous, et ils sont toujours là cherchant refuge où ils peuvent : cabine téléphonique, banc d'un parc de Paris, coin d'une boutique fermée, ou juste un petit endroit dans le coin d'une grande avenue.

 

Ce jour, j'ai emmené des membres de ma famille. Deux de mes sœurs et une amie de l'une d'elle. Mina et son amie Sihame ont 22 ans et la dernière de mes sœurs, Rizlen, en a 15. Pour Mina c'est sa troisième maraude et elle apprécie toujours autant de se rendre utile. Pour Sihame c'est sa première fois, et à la fin de la journée elle se sent apaisée d'avoir pu être utile et donner le sourire aux autres. Car un simple sourire c'est déjà beaucoup pour l'autre. Pour Rizlen qui était venue en tant qu'observatrice, elle finit par mettre la main à la pâte. Donner de soi n'a pas d'âge, et si l'on peut déjà apprendre à s'occuper de l'autre avant d'atteindre l'âge e l'indifférence, le monde serait peut-être meilleur.

 

D-un-pas-vers-l-autre 4376Notre maraude commence ainsi : nous préparons les paniers repas composés de : sandwich, boissons, dessert et petit goûter. Dans une ambiance conviviale mais très productive, chacun a sa tâche : un groupe qui coupe les baguettes, un qui s'occupe de la mayonnaise, un autre de la tomate, la salade, le saucisson. D'autres s'occupent de mettre tout en sachet avec le reste du panier repas. Nos paniers repas fin prêts, nous partons par groupe et par secteur de Paris. Nous prenons nos voitures personnelles, il y a donc son conducteur et les autres participants de la maraude. C'est alors une aventure humaine qui commence, celle qui brise le mur du silence, le mur de l'indifférence, celle qui nous fait mettre un pas…vers l'autre.

 

Page Maraude Banlieue Plus : https://m.facebook.com/Maraudes?refid=46

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6 avril 2010 2 06 /04 /avril /2010 21:25

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Du 2 au 5 avril au Parc d'exposition du Bourget s'est déroulée la 27ème rencontre annuelle des Musulmans de France. Une manifestation qui avait pour thème "Etre musulman aujourd'hui - Foi, Témoignage, responsabilité". Un évènement très attendu par les Musulmans venus de toute la France. Dans un contexte de stigmatisation de l'islam, des conférences tournent autour des défis à relever, les valeurs humaines, l'islamophobie, la République...En somme quelle est la place que le Musulman Français occupe aujourd'hui dans la République française. Raphaël LIOGIER, professeur de sociologie à l'IEP (Institut d'Etude Politique) d'Aix-en-Provence a participé à cette rencontre. Il nous expose ainsi son point de vue sur les nombreux débats sur les Musulmans dans une intervention intitulée "La République est-elle compatible avec la modernité".

 

Le début de la stigmatisation

 

La présence de l'islam en France ne date pas d'hier. En effet la plus grande vague d'immigration de Musulmans venant d'Afrique du Nord ou d'autres anciens protectorats a commencé à partir des années 50. Sollicités après la seconde guerre mondiale pour la reconstruction de la France, ces Musulmans de première génération ne posaient pas de problème. Comme nous l'expose Raphaël Liogier, c'est à partir des années 80 que débute le discours contre les "sauvageons des Cités". C'est le premier discours officiellement anti-musulmans, alors qu'auparavant c'était "le regard condescendant, exotique...". Un discours violent de la part des pays de l'Europe plutôt riche à la sortie des "Trente Glorieuses" nous dit-il. C'est à ce moment-là que l'on cherche le bouc émissaire dont la première caractéristique est de vivre dans la tribu (la France) et la deuxième caractéristique est qu'en cas de problème il doit vivre parmi nous et être visible. Cela a commencé sur le discours sur l'emploi, "ceux qui prennent les allocations familiales, qui font beaucoup d'enfants", faisant ainsi d'eux la cible idéale. Ce débat est suivi de celui sur le voile qui a débuté depuis les années 80.

 

De la minorité passive à la minorité active

 

Le deuxième phénomène qui s'est produit selon R. Liogier ce fut le passage de la minorité passive à la minorité active. La minorité visible passive, issue de la première génération, cherchait surtout à se fondre dans la masse mais restait toujours visible. Sous les yeux de leurs enfants, les parents tentaient ainsi de s'assimiler. Pourtant cela ne suffisait pas pour que l'on porte le regard sur eux comme de "bons Français". Dans les années 80, les 2ème et 3ème générations ont en presque voulu à leurs parents. Alors au lieu de subir, ces générations ont décider de revendiquer cette visibilité. Il n'est pas étonnant en effet de voir aujourd'hui de plus en plus de jeunes issus de l'immigration arriver sur le devant de la scène dans tout les domaines. Ce qui pose réellement problème c'est quant on devient trop visible...

 

Vrai laïcité ?

 

R. Liogier  nous dit  "que l'école est un espace neutre qui doit contenir tout les contenus". Il est pourtant devenu un espace de neutralisation systématique et de non neutralité depuis les affaires du voile. Le voile ne pouvait pas être interdit alors l'Etat a voulu démontrer que ce n'était pas la volonté de ces jeunes filles. Seulement la vérité est qu'à une majorité écrasante, "c'est un voile volontaire de sa volonté", porté par de jeunes filles qui savent ce qu'elles veulent. Suite à l'augmentation du nombre de ces filles voilées, une loi a été votée en 2004 sur les signes religieux dans les écoles publiques. Suivi de la création du Ministère de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire en 2007. Le titre en dit bien long sur le malaise de la France face à la composition de sa population. Pour R. Liogier le terme "d'intégration" ressemble à celui "d'assimilation". Il ne conviendrait pas en terme organique. Il propose de le nommer "Ministère de l'inclusion" car il inclut tout le monde dans un tout et vient en opposition au terme "exclusion". Le débat sur l'identité nationale ou sur la dite "burqa" n'a pas amélioré les choses pour les Musulmans et au contraire n'a provoqué que plus de racisme et de relan d'islamophobie. Des débats qui n'ont eu aucune véritable raisons d'exister et qui ont pourtant été justifiés de maintes manières. R. Liogier en évoque 5 : le féminisme (alors que pour ces femmes c'est une forme d'ascétisme), le désordre de l'ordre public (après enquête aucun refus d'obtempérer des femmes en voile intégrale n'a été signalé), l'humanisme (au nom de Platon qui dit qu'une personne qui se cache le visage n'est pas digne d'être citoyen), la justification théologique (le gouvernement explique aux Musulmans ce qui est "orthodoxe" de faire) et enfin l'épidémique (que va-t-on faire pour arrêter ça ?!).

 

Les débats n'ont pas fini d'être exposés sur la scène publique alors même que le scandale de la Mosquée de Drancy continue à faire parler de lui. La République est-elle compatible avec la modernité ? Quelle réponse donner à cette question ? Il semblerait qu'elle se sente un peu dépassée par des Musulmans de plus en plus visibles et pourtant qui sont des citoyens français à part entière.

 

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